Le président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), chef de l’exécutif local, Serge Letchimy, assure être prêt à faire face à la justice en cas de saisine du tribunal par le préfet de Martinique.
En Martinique, la collectivité territoriale est prête à braver la loi pour défendre la reconnaissance de la langue créole. Dimanche, le président de l’exécutif local, Serge Letchimy, a décidé de maintenir la délibération qui reconnaît la langue créole comme langue officielle de la Martinique « au même titre que le français ». Le préfet de Martinique, Christophe Bouvier, avait lui-même demandé le 25 juillet dernier de retirer l’article premier de ce texte, soulignant que « la langue de la République est le français ».
Serge Letchimy qualifie ce refus d’acte « de marronnage », ajoutant qu’il s’agit d’une « déclaration de dissidence dans le débat contemporain mais historique que nous ouvrons entre droits naturels imprescriptibles et droit à l’égalité ». Le président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique se dit prêt à faire face à la justice, et anticipe la possibilité d’une saisine du tribunal administratif. « C’est avec dignité que j’assumerai cette condamnation », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Une langue patrimoniale
Pour le préfet, cette délibération votée en mai dernier par les élus de l’Assemblée de Martinique est « entachée d’illégalité ». Toutefois, Christophe Bouvier n’a pas manqué de souligner que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France », et que l’État ainsi que les collectivités territoriales « concourent à l’enseignement, à la diffusion et à la promotion de ces langues ».
Depuis le retour de Serge Letchimy au sommet de l’exécutif martiniquais en 2021, celui-ci revendique régulièrement de batailler pour que l’État français reconnaisse la « différenciation régionale ». Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, le président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique appelait ainsi à « en finir avec cette vieille tradition de la République paternaliste ».