Contexte de l’ouverture des classes le 11 septembre 2023

Par Jhon Marc Steeven THELUSMA

Dans un acte de résilience extraordinaire, plusieurs écoles en Haïti surtout les écoles congréganistes catholiques, ont ouvert leurs portes le 11 septembre 2023 dernier, malgré un contexte d’insécurité grandissant et la migration de nombreuses familles vers des zones plus sûres, en raison de la menace persistante des gangs dans diverses régions du pays. Cette décision courageuse de maintenir l’éducation en dépit des défis sécuritaires est un témoignage de la détermination des autorités stratégiques du système éducatif haïtien à poursuivre sa mission cruciale.

Les défis de l’insécurité

Ces dernières années, Haïti a fait face à une escalade de la violence liée aux gangs. Cette dernière a, aussi, donné naissance à une insécurité généralisée entraînant dans son sillage des victimes au sein des écoles, des enseignants et des élèves. Cette insécurité croissante a semé la peur parmi les communautés et contraint de nombreuses familles à quitter leurs maisons espérant trouver refuge dans des zones moins exposées à la violence dont la pire résultante est la mort. Les deux derniers cas connus est la mort des deux professeurs de mathématiques et de physique. Le premier cas est celui du professeur Jean Robert Lazarre enseignant dans des écoles secondaires réputées socio-économiquement victime de l’autre face de l’insécurité : le bois calé[1]. Le deuxième cas est l’assassinat de Solon Fortunat professeur à l’École Normale Supérieure (ENS) et la Faculté des Sciences (FDS) de l’Université d’État se trouvant au mauvais moment et au mauvais endroit. Il est devenu un dommage collatéral de feux croisés dans un affrontement entre la Police et des Bandits. Paix à leur âme !

Au moment, où nous écrivons ces lignes, la situation sécuritaire n’a fait que connaitre une escalade vertigineuse par la prise d’assaut de la commune de Saut-d ’Eau par des bandits de tout poil. Cette nième escalade aura des conséquences néfastes sur le fonctionnement des écoles du Bas- Plateau Central, mais surtout pourra, si rien n’est fait, entraver la libre circulation allant du département de l’Ouest vers les départements de l’Artibonite, du Nord et du Nord’ Est. La première institution qui fermera ses portes sera l’école.

La migration des familles

La migration des familles vers des zones plus stables a été une réponse compréhensible à la menace des gangs. Cependant, cela a également entraîné une perturbation majeure de la scolarité des élèves. Car, beaucoup ont été contraints d’abandonner leurs écoles d’origine.

Amitié. FM, un média haïtien qui traite de l’actualité culturelle, sportive, économique, sociale et politique à l’échelle nationale et internationale, dans sa livraison du 16 septembre 2023, rapporte qu’une « enquête, toujours en cours, menée par le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle de concert avec ses partenaires révèle que 3 889 enfants/élèves et 294 enseignants sont enregistrés parmi les personnes déplacées et 25 écoles sont utilisées comme sites d’hébergement pour ces mêmes déplacés dont 68% sont des écoles publiques ».

Le défi de l’éducation continue

Malgré les risques que font courir ces défis colossaux, certaines écoles en Haïti ont choisi de maintenir leurs portes ouvertes. Cette décision est un acte de foi envers l’éducation et un engagement envers l’avenir de la jeunesse haïtienne. Les enseignants, les élèves et les parents ont uni leurs forces pour faire face à l’adversité. Mais, pour combien de temps ?

Des mesures de sécurité renforcées

Pour assurer la sécurité des élèves et du personnel éducatif, de nombreuses écoles ont mis en place des mesures de sécurité renforcées en collaboration avec les autorités locales et les forces de l’ordre. Ces mesures visent à créer un environnement d’apprentissage aussi sûr que possible, malgré les circonstances difficiles. Mais, pour combien de temps ?

Un signal d’espoir

La décision de maintenir les écoles ouvertes en dépit de l’insécurité est un signal d’espoir pour Haïti. Elle montre que l’éducation reste une priorité inébranlable, même dans les moments les plus sombres. Les écoles qui ont ouvert leurs portes le 11 septembre 2023 ont démontré la résilience et la détermination du peuple haïtien à surmonter les défis et à construire un avenir meilleur. C’est aussi un exemple poignant de persévérance et de dévouement envers l’éducation, malgré les défis sécuritaires. Ces écoles courageuses continuent de jouer un rôle vital dans la préparation de la prochaine génération d’Haïtiens, offrant un havre d’espoir au milieu de l’adversité. Dans ces moments d’incertitude existentielle, il est essentiel que la communauté internationale soutienne les efforts visant à maintenir l’accès à l’éducation pour tous les enfants haïtiens. Car, l’éducation demeure la clé de l’avenir du pays.

Jhon Marc Steeven Thelusma

[1] Le “bois calé” est un phénomène de vengeance populacière en réaction avec l’inaction de l’état face à la gangterisation du pays. Autrement dit, c’est une forme d’auto défense du peuple pour contrecarrer la violence issue des activités grandissantes des gangs.

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