Le Fonds National de l’Éducation (FNE) en Haïti : Lumière sur une Institution Controversée

Nombreux sont les enseignants, les directeurs d’écoles et d’autres personnalités éducatives qui demeurent dans l’ignorance quant à l’identité et aux réalisations du Fonds National de l’Éducation (FNE) ; une entité qui fait l’objet de critiques virulentes ces derniers temps, notamment pour son absence de transparence et la mauvaise gestion des fonds alloués aux activités éducatives du pays. Fort de ce flagrant constat, Éducation en Marche (EEM) a pris l’initiative de lancer une série de chroniques sous l’intitulation « Connaître le FNE », dont le présent article marque le premier jet.

Qu’est-ce que le FNE ?

Le Fonds National de l’Éducation, couramment désigné par son acronyme FNE, est une institution publique créée en 2017, conformément à la loi sur sa création promulguée par « le Moniteur » le 22 septembre de cette même année. Cependant, dès l’accession de l’ancien président Michel Joseph Martelly au pouvoir en 2011, le FNE a été mis en place, avec l’introduction de nouvelles taxes sur les transferts d’argent et les appels téléphoniques internationaux, dans le but de scolariser plus d’un million d’enfants. Sous la coordination de la Banque de la République d’Haïti (BRH) et le Conseil National des Télécommunications (CONATEL), le FNE « intervient dans plusieurs domaines, notamment la construction d’infrastructures, la rénovation des bâtiments scolaires, l’appui au Programme de cantines scolaires, le paiement des frais de scolarité, le paiement des frais pour les enseignants, la dotation d’équipements scolaires, le financement de projets éducatifs, l’appui aux études supérieures », peut-on lire sur son site d’internet.

La mission du FNE

Conformément à l’article 3 de cette même loi, énoncée précédemment,  le Fonds National de l’Éducation « a pour mission de participer à l’effort de l’éducation pour tous et de gérer les fonds destinés au financement, tant au niveau de l’État qu’au niveau des Collectivités Territoriales, des dépenses relatives à l’éducation, notamment des coûts de scolarité au profit des écoliers haïtiens, des projets et études susceptibles de contribuer à l’avancement de l’instruction des enfants et, enfin de la construction ou l’amélioration des infrastructures scolaires du pays ».

Organisation du FNE

Quant à sa structure organisationnelle, l’article 5 stipule que le FNE est doté de deux organes centraux distincts :

  1. Le ministre de l’Éducation nationale ;
  2. Le ministre de l’Économie et des Finances ;
  1. Le ministre des Haïtiens vivant à l’étranger
  2. Un représentant du secteur des Syndicats d’enseignants.

 

La Direction générale, dirigée actuellement par le sociologue Jean Ronald Joseph qui supervise les différentes directions, services et sections garantissant le bon fonctionnement de l’institution.

Les réalisations du FNE de 2011 à nos jours

Malgré les ambitions affichées et les missions énoncées dans cette loi, l’absence de transparence flagrant du FNE entrave l’accès à des informations vérifiables concernant ses réalisations. En effet, lorsqu’on se rend sur la page « Notre action » du site d’internet de l’institution, la seule chose possible à lire est : « Latest posts / There are no posts ». En outre, aucune des pages (financement de l’éducation, infrastructures, renforcement de capacités, subventions, cantine scolaire et carte des interventions) liées aux différentes réalisations n’a d’informations. Cette absence de transparence suscite légitimement des interrogations chez certains et de l’inquiétude chez d’autres, d’autant plus que le montant exact des fonds collectés par la BRH et le CONATEL demeure inconnu.

Face à cette situation, une interrogation fondamentale s’impose :

Quelles garanties et quelle transparence peut avoir le peuple haïtien, notamment les acteurs du secteur de l’éducation, quant à la gestion et à l’utilisation des fonds du FNE ?

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